Jehan de Poutrincourt
Jean de Biencourt dit de Poutrincourt naquit du mariage de Florimond de Biencourt et de Jeanne de Salazar en 1557. Jean était encore jeune quand son père mourut.
Il faut d’abord destiné en sa qualité de cadet, à l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem, comme son oncle Jacques. Il ne montrait, ni la moindre hâte, ni le moindre penchant à prononcer ses vœux un incident s’étant produit dans la famille qui éloignait par avance toute idée de contrainte morale.
Jean de Poutrincourt reçut des leçons d’armes et de cheval comme première place dans son enseignement. Il fallait faire face au rude métier de la guerre. Le meilleur éloge qu’on pût porter de lui fut de dire qu’il était fort « adroit aux exercices ». Il acquit en même temps quelques notions de pilotage comme touts les gentilshommes qui devaient servir sur les galères de Malte. Cette solide formation au noble métier des armes et cette initiation aux connaissances de l’homme de mer l’avaient préparé à professer les vertus de sacrifices, d’obéissance, de bravoure et de fidélité. La belle conduite de ses frères ainés impressionnait l’âme chevaleresque de Jean de Poutrincourt, encore enfant. Outre l’éducation dans les exercices corporels, l’équitation et le maniement des armes, Jeanne de Salazar fit enseigner à son fils dernier né, l’histoire, la philosophie et les langues anciennes. Elle lui donna des maîtres de musique, Jean adolescent se servait de luth et du manicorde.
Il s’essaya à composer des chants d’églises et aussi s’appliqua-t-il à improviser des airs de musique profane, afin de charmer la mélancolie du lieu solitaire devant ses séjours au manoir de Poutrincourt. Veuve, Madame de Poutrincourt consacra tendresse et dévouement à l’éducation de son fils Jean. Il semble que dans l’amour qu’elle voua à tous ses enfants, elle ait eu une certaine prédilection pour Jean le benjamin. Elle retarda autant qu’il fut en son pouvoir l’heure de se séparer de son fils cadet.
Le projet de la destiner à l’ordre de Malte fut abandonné. Le jeune homme ne porta jamais de vêtements qui constituaient le particularisme de la lignée des Princes. Il n’abandonna les manoirs paternels de Saint Maulvis et de Poutrincourt que pour prendre possession de la maison seigneuriale de Guibermesnil et d’entrer aussitôt au service d’un prince de la maison de Lorraine, dans ces honorables emplois que les jeunes gentilshommes de la meilleure noblesse se disputaient.