La famille de Poutrincourt
La famille de Biencourt tire son nom d’un village du même nom et proche de Oisemont, dont le seigneur est Ansel. Nous sommes alors en 1150. Mais déjà en 1091 (3 générations avant) est identifié Gauthier du Ponthieu, seigneur de Biencourt.
Et puis la filiation se poursuit rassemblant et transmettant titres et fonctions. Lorsqu’en 1403 apparaît Hugues de Biencourt qui ne compte pas moins de cinq seigneuries dont celle de Poutrincourt. Il est aussi bailli d’Abbeville, de Crécy, de Saint-Valery. Sans descendance, c’est son frère Colart qui assure la suite. Nous sommes en 1414, et son alliance avec Luce Gautier, fille du Général des Monnaies assis plus solidement la lignée de Biencourt. De Gauthier à Ansel à Colart presque 500ans se sont écoulés et bien des souverains se sont succédés.
Jehan de Poutrincourt
Jean de Biencourt dit de Poutrincourt naquit du mariage de Florimond de Biencourt et de Jeanne de Salazar en 1557. Jean était encore jeune quand son père mourut.
Il faut d’abord destiné en sa qualité de cadet, à l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem, comme son oncle Jacques. Il ne montrait, ni la moindre hâte, ni le moindre penchant à prononcer ses vœux un incident s’étant produit dans la famille qui éloignait par avance toute idée de contrainte morale.
Jean de Poutrincourt reçut des leçons d’armes et de cheval comme première place dans son enseignement. Il fallait faire face au rude métier de la guerre. Le meilleur éloge qu’on pût porter de lui fut de dire qu’il était fort « adroit aux exercices ». Il acquit en même temps quelques notions de pilotage comme touts les gentilshommes qui devaient servir sur les galères de Malte. Cette solide formation au noble métier des armes et cette initiation aux connaissances de l’homme de mer l’avaient préparé à professer les vertus de sacrifices, d’obéissance, de bravoure et de fidélité. La belle conduite de ses frères ainés impressionnait l’âme chevaleresque de Jean de Poutrincourt, encore enfant. Outre l’éducation dans les exercices corporels, l’équitation et le maniement des armes, Jeanne de Salazar fit enseigner à son fils dernier né, l’histoire, la philosophie et les langues anciennes. Elle lui donna des maîtres de musique, Jean adolescent se servait de luth et du manicorde.
Il s’essaya à composer des chants d’églises et aussi s’appliqua-t-il à improviser des airs de musique profane, afin de charmer la mélancolie du lieu solitaire devant ses séjours au manoir de Poutrincourt. Veuve, Madame de Poutrincourt consacra tendresse et dévouement à l’éducation de son fils Jean. Il semble que dans l’amour qu’elle voua à tous ses enfants, elle ait eu une certaine prédilection pour Jean le benjamin. Elle retarda autant qu’il fut en son pouvoir l’heure de se séparer de son fils cadet.
Le projet de la destiner à l’ordre de Malte fut abandonné. Le jeune homme ne porta jamais de vêtements qui constituaient le particularisme de la lignée des Princes. Il n’abandonna les manoirs paternels de Saint Maulvis et de Poutrincourt que pour prendre possession de la maison seigneuriale de Guibermesnil et d’entrer aussitôt au service d’un prince de la maison de Lorraine, dans ces honorables emplois que les jeunes gentilshommes de la meilleure noblesse se disputaient.
Les Biencourt, que-sont-ils devenus ?
Incontestablement une grande famille de France, originaire du Ponthieu ; et qui apparait vers 1050 avec Gauthier de Biencourt, lui-même point de départ de ce que l’on appelle « tronc commun » de cette dynastie, dont l’origine exacte est la Famille de Rambures, ou bien s’agit-il des fondateurs de l’Abbaye de Saint-Riquier.
Les Biencourt se subdivisent en 5 branches :
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Les barons de Cresecques avec Charles I, seigneur de Poutrincourt, maître du Roi, écuyer de la Grande Ecurie, une branche qui s’éteint en 1685 avec Marie-Marthe, fille de Antoine de Biencourt, seigneur de Poutrincourt, fils de Charles 1er marié à Gabrielle de Pluvinel.
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Les marquis de Poutrincourt, seigneurs de Feucherolle avec Charles II, issu du mariage de Charles 1er, une branche qui s’éteint en 1685 à Neufchâtel-en-Bray avec le décès de Charles Nicolas, également marquis de Poutrincourt, chevalier de Malte.
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Les seigneurs de Marsilly et Guibermesnil se manifestent avec Jean III de Biencourt (1557) marié à Claude Pajot. Il est le 4ème fils de Florimond et de Jeanne de Salazar. Il est le pionnier, peu connu, de la découverte de l’Acadie. Une branche qui s’éteint en 1774 avec Ange-Pierre de Biencourt, seigneur de Poutrincourt. Celui-ci était page du frère du Roi Louis XIV.
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La famille Boisgenet et Noyer est issue de Gilbert de Biencourt, 2e fils d’Armand de Biencourt qui épouse en 1541 Gabrielle Pot, dame de Boisgenet. Une branche qui s’éteint en 1638 avec Nicolas de Biencourt, chevalier de Saint Jean de Jérusalem.
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La famille de Biencourt de Fortilesse provient de Jean 1er de Biencourt, fils de Nicolas marié à Luce Gentien en 1390. Il épouse Michelle de l’Esclause vers 1500. Leurs suivants s’établissent à Marche (Creuse) jusqu’à la Révolution. Charles de Biencourt, officier de haute valeur et brillant diplomate acquiert le château d’Azay-le-Rideau en 1791. Son fils Armand François sera garde du roi Louis XVI puis emprisonné. Lorsqu’arrive Louis-Philippe, il se retire à Azay-le-Rideau. Son fils Armand Marie passionné par les arts transforme le château en un musée prestigieux. Sa fortune est prodigieuse. Son fils est le dernier marquis. Il devient juriste de talent. En 1870, il se heurte violement au Prince Fréderic de Prusse. Il devient un administrateur de poids dans le secteur bancaire et s’oppose farouchement aux financiers juifs qui vont le ruiner, l’obligeant à vendre Azay-le-Rideau, qui finit par échoir à l’Etat. Il meurt à Paris en 1914. Citons encore Leon Marie Edouard, comte de Biencourt, fils d’Armand Marie Antoine marié à Mme de Chapenay qui lui donne 3 filles dont l’une épouse Robert de Clermont-Tonnerre.
Mais qu’en est-il de la Seigneurie de Poutrincourt ?
Dix années de recherche n’ont pas permis de suivre sans interruption la transmission du manoir fortifié.
En 1779, il appartient à Ange-Pierre-Louis-François de Poutrincourt, attaché à Monsieur, frère du Roi Louis XVI.
Vers 1900, on le retrouve dans le Patrimoine du Baron, Georges de Chezelles marié à Madame Faubournet de Montferrand, tous deux vivant dans leur manoir à Graincourt. Et puis en 2010, le vestige du manoir devient la propriété de Guy Sergheraert qui a pris en main la restauration, s’assignant pour objectif de pérenniser la mémoire de Jean III en faisant de cet espace devenu monument historique, un lieu de pédagogie et de culture accessible à tous.